mercredi 15 juillet 2015

KU / KOLL : combien ça rapporte aux auteurs ?

On m’a souvent demandé combien rapportaient les ventes via KU et KOLL sur Amazon, c’est à dire :
  • Kindle Unlimited : un abonnement grâce auquel le lecteur peut lire à volonté parmi une sélection de titres, dont tous ceux des auteurs indépendants ayant souscrit à KDP Select
  • Kindle On Line Library ! Bibliothèque contenant les mêmes titres dans laquelle les abonnés Kindle Premium peuvent venir choisir chaque mois un livre à lire.
C'est la question à laquelle je vais essayer de répondre aujourd’hui.

J’ai vu souvent sur Facebook des auteurs s’indigner devant le fait que ces lecteurs lisent leurs livres gratuitement, et les retirer de KDP select pour cette raison.
C’est vrai que de prime abord, cela peut énerver. Toutefois, il ne faut pas oublier, que d’une façon ou d’une autre, le lecteur paie :
  • soit en achetant le livre
  • soit en payant son abonnement KU (9.99 euros par mois si je ne m’abuse)
  • soit en payant son abonnement à Amazon premium (de l’ordre de 50 euros par ans, à vérifier) pour les emprunts KOLL
Et il ne faut pas oublier aussi que, à l’instar de la musique et des vidéos, il y a fort à parier que le principe d’abonnement a de beaux jours devant lui. Ce n’est donc vraisemblablement qu’un début.

Alors, comment ça marche ?
Chaque mois, Amazon abonde un bas de laine dénommé « Fonds Mondial de KDP Select » en fonction de plein de paramètres dont j’ignore tout.
Puis, durant ce mois, la totalité des emprunts (jusqu’à fin juin 2015) ou le nombre total de pages lues (à partir de juillet 2015) est comptabilisé. L’enveloppe est alors distribuée par auteur suivant le succès de leurs livres.

Est-ce que c’est toujours la même somme ?
Là aussi, on m’a souvent posé la question : comment est-ce que ces sommes évoluent ?  la cagnotte change-t-elle ?  Et si oui comment ?
Pour tenter de répondre à cette question, j’ai repris tous les rapports de ventes de Jacques et j’ai relevé le montant perçu par livre emprunté.
Sauf erreur de ma part, ça donne le tableau suivant jusqu’à mai 2015 :

On voit bien que ce montant a bien varié au fil du temps, avec même une forte baisse depuis la mise en place de KU en France. Et encore, le taux de change Dollars/Euros, passé en quelques mois d’environ 0.7 à plus de 0.9 joue en notre faveur.
Toutefois, les auteurs devraient normalement constater une hausse des emprunts depuis la mise en place de KU, qui devrait compenser cette baisse.

À noter que de nombreux auteurs on fait remarquer une chute des ventes et des emprunts avec la mise en place de KU : ils vendaient peu avant, ils ne vendent presque plus rien maintenant, et n’ont pas d’emprunt KU pour autant.

Comme on le voit, le montant alloué au « fonds mondial KDP Select » peut varier de manière significative d’un mois à l’autre. Il en sera certainement de même avec la mise en place de la nouvelle méthode de comptage, où seules les pages lues sont rémunérées.

Et maintenant ?
Eh oui, depuis début juillet et la mise en place de ce nouveau système de comptage, les bloggers se déchaînent, les sites spécialisés dans l’édition qui trouvent toujours le moyen de dire du mal d’Amazon montrent du doigt avec véhémence le verre à moitié vide, en omettant (sciemment ?) qu’il est également à moitié plein.
Depuis début juillet donc, un livre emprunté, quel que soit le nombre de pages lues continuera de compter pour un achat, mais, les auteurs ayant souscrit à KDP Select, seront rémunérés à la page lue. 
Sont concernés uniquement les livres empruntés via KU ou KOLL, et non tous les livres comme oublient parfois de le préciser certains journalistes.

Quel objectif ?
L’objectif affiché par Amazon est une plus grande justice entre les auteurs. Jusqu’à présent, une nouvelle de 10 pages rapportait autant qu’un pavé de 500 pages. Et comme l’auteur n’était payé qu’à partir de 10 % du livre lu, souvent, l’auteur prolixe n’était pas payé, alors que l’auteur de textes très courts était rémunéré dès la première page lue.

Les contenus un peu plus consistants sont donc favorisés.  
Pour un texte d’environ 35 000 mots, la rémunération reste presque identique... à condition qu’il soit lu en entier (et avec les chiffres de juillet). Pour des gros romans du type « Les Pierres Couchées » de Jacques, la rémunération s’envole littéralement (toujours à condition d’être lu en entier)

Là où ce changement devient un peu plus injuste, c’est pour les livres contenant des illustrations, souvent les livres pour enfants, dont la rémunération va être revue nettement à la baisse.
Idem pour les livres pratiques, pas forcément très longs, mais qui ont nécessité de nombreuses recherches.

Comment est calculé le nombre de pages ?
Amazon a mis en place un système pour calculer le nombre de pages de manière équitable d’un livre à l’autre. Le nombre de pages est appelé KENPC (pour Kindle Edtion Normalized Page Count) Ce sont des petites pages, avec en moyenne autour de 140 mots par page ou 850 signes (espaces comprises).
Ces chiffres sont un bon ordre de grandeur, mais peuvent légèrement varier d’un livre à l’autre ou d’un auteur à l’autre, en fonction de critères que je ne maîtrise pas.

Pour illustrer tout ça, je vous ai fait un petit tableau récapitulatif contenant plusieurs titres de Jacques, et ce à quoi il faudrait s’attendre comme évolution pour la rémunération à la page, sachant que les prévisions pour juillet annoncent environ 0.52 centime d’euro par page. Chiffre qui peut bien sûr évoluer.
En rouge, les livres pour lesquels la perte de gain va être importante, en jaune ceux pour lesquels le changement sera faible, et en vert, les livres pour lesquels ce changement est plus qu'intéressant... à condition que les lecteurs les lisent jusqu'au bout. Le gain KU/KOLL par livre au mois de juin, donc juste avant la mise en place de ce nouveau système est de 1.23 euro.
 

Un petit bémol !
Avec ce système, l’auteur pourrait être en mesure d’obtenir plein d’informations captivantes sur ses livres : combien de personnes les achètent sans les lire, quel nombre moyen de pages par livre est lu ? Combien de temps en moyenne un lecteur met-il pour lire un livre ? Bref, plein de données moyennes qui devraient permettre aux auteurs de mieux cerner leur lectorat, et même, pourquoi pas, d’améliorer leur texte.
Oui, mais... le gros point noir avec ce nouveau système, c’est qu’on n’a plus accès au nombre total de livres empruntés. Impossible donc de se lancer vers ce type d’interprétations.
En France, et sans doute ailleurs également, Amazon est prévenu de cette petite déception. 
Reste à savoir si un correctif sera mis en place.

Alors... KDP Select or not KDP Select ?
Avec ces nouvelles données, la question se pose à nouveau pour chaque auteur : doit-il adhérer au programme KDP Select ou non ? Doit-il se diriger vers d’autres plateformes ?
Tout dépendra du type de livre qu’il propose, mais aussi de ses convictions.

Vous voudrez sans doute tenter d’aller voir ailleurs si :
  • Vous ne voulez pas entendre parler d’exclusivité sur Amazon.
  • Vous ne proposez que des textes courts, et ce nouveau mode de calcul va faire baisser vos revenus.
  • Vous êtes curieux et avez envie d'essayer.
A contrario, vous serez peut-être tenté par l’exclusivité si :
  • Vous ne voulez pas vous casser la tête avec d’autres plateformes
  • Vous écrivez surtout des livres de plus de 35 000 mots
Et bien sûr, rien n’interdit de panacher : une partie de vos livres en exclusivité, une autre partie présente sur d’autres plateformes.

En tout cas, suivant votre situation, ça vaut la peine d'y réfléchir.

Mes prochains articles porteront justement sur nos chiffres de ventes ailleurs que sur Amazon... affaire à suivre.

À bientôt pour de nouvelles aventures
Jacques-Line Vandroux


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