vendredi 11 septembre 2015

11 septembre 2001 : Voyageur en transit, extrait d'un récit autobiographique



Après l'écriture de Au Cœur du Solstice, pour se changer les idées, Jacques avait eu envie de coucher sur le papier son vécu du 11 septembre 2001 : une escapade d'une semaine en Terre Neuve en tant que réfugié (c'est d'actualité). Il y a expérimenté un formidable élan de solidarité.

Ce livre n'a pas vu le jour. Sa motivation pour le terminer n'était pas au rendez-vous. Mais qui sait peut-être un jour...

J'avais même préparé une couverture maison. Bon, je sais, peut mieux faire...
J'avais également écris le chapitre me concernant que je vous livre aujourd'hui. Merci de votre indulgence.


Grenoble, 11 septembre 2001, 17 heures

Anne sortit du bâtiment et rejoignit sa voiture. Après une journée bien remplie, elle allait rejoindre ses enfants pour attaquer sa deuxième journée de travail. Bien que déjà âgés de 6 et 8 ans, ils nécessitaient de l’attention, et elle allait enchaîner : récits de leurs journées, devoirs, bains, préparation du repas, dîner, brossage de dents, petite histoire du soir, puis, quelques rappels pour « un dernier, Maman, promis » bisou ou câlin. Et ce n’est que vers 21 heures, si tout allait bien, qu’elle goûterait enfin au calme et au repos auxquels elle aspirait.
Le lot commun de tous les parents en somme. Sauf que, une fois de plus, son mari était parti le matin même pour une longue semaine de déplacement outre-Atlantique, et, une fois de plus, c’était à elle de tout gérer à la maison. Elle soupira en se demandant comment faisaient les familles monoparentales, et se dit qu’elle n’avait pas le droit de se plaindre, même si parfois…

Elle monta dans sa voiture, alluma le contact, et mit la radio en route : vingt petites minutes de pause avant d’affronter ses bouts de choux. L’avion de son mari devait justement être en train d’atterrir à Philadelphie, sur la côte est des États-Unis, environ à 200 km au sud de New York.
Elle eut l’impression d’écouter une espèce de feuilleton radiophonique de fiction. Il était question d’avions qui tombaient les uns après les autres, d’Etat américain, qui avait totalement perdu le contrôle des airs, d’avions qui s’écrasaient sur les tours de Manhattan… Elle vérifia la chaîne. Tiens, bizarre, c’était bien France-Info pourtant ! Elle changea de fréquence pour voir, et au bout de plusieurs essais, dut se rendre à l’évidence : il ne s’agissait pas de fiction. Un événement grave était en train de se dérouler.
Ne sachant rien de ce qui se passait, les journalistes émettaient les pires conjectures, parmi lesquelles le crash de nombreux avions dont on était resté sans nouvelles sur la côte est des États-Unis. Et même en Pennsylvanie... à côté de Philadelphie !!

Prenant la mesure de ces informations, Anne fut prise d’une angoisse irrépressible, et le trajet vers son domicile fut moins plaisant que ce qu’elle avait prévu. L’avion de son mari avait-il atterri ? Ce dernier était-il sain et sauf ? Deux questions auxquelles il lui faudrait trouver une réponse. Une réponse qu’elle appréhendait et espérait à la fois.

Arrivée à la maison, elle retrouva ses enfants très déçus : au lieu des dessins animés habituels qu’ils regardaient en rentrant de l’école, il n’y avait que des images qui tournaient en boucle d’avions qui fonçaient dans les tours jumelles de Manhattan. Ils n’avaient heureusement pas fait le lien entre le déplacement de leur père et cet événement exceptionnel.
Ils furent ravis aussi de constater que, une fois la baby-sitter partie, ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient : pas de bain ce soir, et pour le repas, biscuits, céréales, yaourts… Le rêve quoi !
De son côté, Anne tenta de joindre des collègues de travail de son époux. Une chance pour elle, il était parti avec le directeur de l’unité dans laquelle il travaillait. Elle ne serait donc pas la seule à se préoccuper du sort des occupants du vol US Airways Paris-Philadelphie !
Après quelques essais infructueux, elle réussit à joindre Nicolas. Ce dernier avait entendu dire que son mari avait atterri quelque part au Canada, mais sans plus de précisions. Anne sentit son angoisse baisser d’un tout petit cran : il allait tout de même falloir vérifier cette information !
Pendant que ses enfants s’amusaient et que les images hypnotiques continuaient à défiler sur l’écran de télévision, elle tenta donc de joindre la compagnie aérienne. Tâche difficile ce jour-là, toutes les lignes étant complètement saturées.
Après de nombreuses tentatives, elle finit toutefois par obtenir le précieux renseignement : l’avion avait atterri à Gander, sur l’île de Terre-Neuve. Une petite ville perdue au milieu de la forêt canadienne dont elle n’avait jamais entendu parler auparavant. Elle put donc faire bonne figure au cours du dîner, même si sa peur ne l’avait pas encore complètement quittée. Les enfants ne s’étaient pas encore posé de questions, et ce n’est que plusieurs mois après que leurs parents se rendront compte que, malgré tout, ils auront subi un gros traumatisme ce jour-là.
Enfin, plus tard dans la soirée, elle eut la confirmation de la bonne nouvelle : l’avion avait bien atterri, son conjoint était sain et sauf. Il n’avait pas réussi à la joindre, mais son supérieur avait réussi à appeler sa femme. C’est cette dernière qu’elle venait d’avoir au bout du fil.

Ce gros coup de stress mettra plusieurs heures à se dissiper. Il ne restait donc plus qu’à faire rentrer les voyageurs à Paris ! Mais ça, c’est une autre histoire !

A bientôt pour de nouvelles aventures
Jacques-Line Vandroux

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