dimanche 13 novembre 2016

Nouvelle orthographe : consonnes doubles (6/8)

Avec la nouvelle orthographe, l'eau ne ruisselle plus. Elle ruissèle. C'est moche quand même !!


D – CONSONNES DOUBLES
Les verbes en –eter et –eler

Tous les verbes dont l’infinitif se termine par eler se conjugueront sur le modèle de peler (je pèle, tu renouvèles, il amoncèle, elle étincèle), sauf appeler (j’appelle, tu appelles). Et leurs dérivés suivront le mouvement : amoncèlement, ensorcèlement, étincèlement (mais étincelle ne change pas !), morcèlement, nivèlement, renouvèlement, ruissèlement. 

Tous les verbes dont l’infinitif se termine par eter se conjugueront sur le modèle d’acheter (j’achète, tu feuillètes, il étiquète, elle cachète), sauf jeter. 
Ça, c’est un peu fort de café ! Parce qu’il y a dans la langue française un peu plus de soixante verbes en –eler et que tous, dans l’orthographe classique, se conjuguent comme appeler, en redoublant le l : j’appelle, tu renouvelles, il amoncelle, elle étincelle, sauf dix exceptions qui se conjuguent comme peler et qui sont : celer (+ déceler et receler), ciseler, démanteler, écarteler, s’encasteler, geler (+ dégeler, surgeler, congeler et décongeler), marteler, modeler, harceler et donc peler. 

De même, il existe environ soixante-dix verbes en –eter, qui se conjuguent tous comme jeter, en redoublant le t : je jette, tu feuillettes, il étiquette, elle cachette, sauf sept exceptions qui se conjuguent comme acheter et qui sont : bégueter, corseter, crocheter, fileter, fureter, haleter et donc acheter (+ racheter). 

Eh bien, s’ils tenaient tant à uniformiser, nos rectificateurs auraient pu aligner les (rares) exceptions sur la (grande) majorité. Mais ils ont fait l’inverse ! Au lieu de modifier la conjugaison de dix-sept verbes, ils ont préféré en changer près de cent vingt ! Cela me rappelle le vieux gag du pianiste qui, se trouvant trop éloigné de son clavier, entreprend de déplacer le lourd piano alors qu’il lui suffirait de rapprocher son tout petit tabouret.

Les consonnes doubles qui deviennent simples
La NO entend simplifier les graphies en écrivant, par exemple, dentelière (bien qu’on écrive dentelle) et non plus dentellière, prunelier (bien qu’on écrive prunelle) et non plus prunellier, comme on avait déjà noisetier (bien qu’on écrive noisette). Why not ?
La finale olle devient ole. Font exception colle, folle et molle, qui sont « bien implantés dans l’usage ».  Et les girolles, alors ? Pas implantées dans l’usage culinaire ? Et les guibolles ? Et les mariolles ? Et les grolles ? Pas implantées dans le parler populaire ? Bizarre aussi cet argument : « Là encore, il s’agit de supprimer des incohérences : corole s’écrit désormais comme bestiole. » C’est vrai que bestiole et corolle, c’était incohérent ! 
Par ailleurs, la liste des mots ainsi modifiés est assez amusante. A côté des mots connus que sont barcarolle (qui devient donc barcarole), corolle (corole), fumerolle (fumerole), girolle (girole), grolle (grole), guibolle (guibole), mariolle (mariole), rousserolle (rousserole) et tartignolle (tartignole), on y trouve les très mystérieux barquerolle, bouterolle, crolle, fusarolle, lignerolle, moucherolle, tavaïolle et trolle. Ça vaut bien les mangeüre, rongeüre, vergeüre et égregeüre de tout à l’heure. En tout cas, si les restaurateurs adoptent cette règle, au moins on ne verra plus deux l à profiteroles…
Dans la NO, les verbes en –otter se termineront par oter, sauf quand ils dérivent d’un mot en otte. Ainsi, on n’écrira plus ballotter mais balloter (de ballot) ; on n’écrira plus garrotter mais garroter (de garrot) ; on n’écrira plus grelotter mais greloter (de grelot). En revanche, on écrira toujours carotter (de carotte), botter (de botte) et menotter (de menotte). Les substantifs dérivés suivent le mouvement : ballotage perd un t, tout comme garrotage, grelotant et grelotement.

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