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| Ces enfants, je les ai laissés ou laissé jouer ? Que dit la logique ? Que dit la nouvelle orthographe ? | 
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E – LAISSÉ + INFINITIF : INVARIABLE
Remarquons  d’abord qu’il ne s’agit plus ici d’orthographe, mais de grammaire.  Allons-nous maintenant entrer dans la « nouvelle grammaire » ?  Poursuivons.
Dans  la nouvelle orthographe, le participe passé du verbe laisser est  toujours invariable lorsqu’il est suivi d’un infinitif : Elle s’est  laissé mourir et non plus : Elle s’est laissée mourir. On nous dit qu’il  s’agit de suivre le modèle de faire + infinitif, où le PP est toujours  invariable : Elle s’est fait maigrir.
Est-elle  donc si compliquée, la règle (de grammaire) qui dit que le participe  passé de laisser s’accorde si le complément d’objet direct placé avant  lui fait l’action exprimée par l’infinitif : 
Cette maison, il l’a laissée tomber en ruine
mais
Cette maison, il l’a laissé acheter ?
C’est pourtant l’application stricte de la règle de l’accord du participe passé conjugué avec avoir. Raisonnons en appliquant la règle actuelle à deux exemples.
Cette maison, il l’a laissée tomber en ruine
mais
Cette maison, il l’a laissé acheter ?
C’est pourtant l’application stricte de la règle de l’accord du participe passé conjugué avec avoir. Raisonnons en appliquant la règle actuelle à deux exemples.
Ces  enfants, je les ai laissés jouer. J’ai laissé ces enfants faire  l’action de jouer. Les, mis pour enfants, est COD du verbe laisser et  placé avant le participe passé. Le PP s’accorde avec les. On écrit donc  laissés.
Ces  enfants, je les ai laissé punir. Je n’ai pas laissé les enfants faire  l’action de punir. Les, mis pour enfants, n’est pas COD du participe  passé de laisser. Donc pas d’accord du PP : laissé reste invariable.  (Pour être complet, remarquons que le COD de laisser n’est pas exprimé :  j’ai laissé quelqu’un faire l’action de punir les enfants ; et  qu’enfants est le COD de punir.)
Le  parallèle avec fait + infinitif est à mon avis mal venu. Parce que,  dans la phrase : Ces enfants, je les ai fait jouer, le pronom personnel  les, mis pour enfants, n’est pas COD du participe passé du verbe faire.  Je n’ai pas fait les enfants faire l’action de jouer. Voilà pourquoi  fait est alors invariable. Rien à voir avec je les ai laissés jouer. 
En revanche, il est d’autres apparentements que les auteurs des rectifications de 1990 auraient été avisés de faire. Car comment ont-ils pu ignorer que le « grave » problème qu’ils avaient résolu pour le participe passé du verbe laisser se posait aussi, et dans les mêmes termes exactement, pour les participes passés de voir et entendre suivis de l’infinitif ? Pourquoi ont-ils laissé subsister ces « graves » difficultés :
les enfants que j’ai vus jouer, mais : les enfants que j’ai vu mettre en rangs ; les enfants que j’ai entendus crier, mais : les enfants que j’ai entendu réprimander ;
les acteurs que j’ai vus jouer, mais : les pièces que j’ai vu jouer ;
la cantatrice que j’ai entendue chanter, mais : la chanson que j’ai entendu chanter ;
je les ai vus partir, mais ils se sont vu infliger une amende ?
Ces gens-là, qui prétendent réformer, ne sont tout simplement pas sérieux.
F – ANOMALIES
On  trouve dans cette rubrique les modifications ponctuelles dont les  médias ont fait leurs choux gras : 
- bonhommie pour faire comme bonhomme,
- charriot comme charrette,
- chaussetrappe comme trappe,
- combattivité comme combattre,
- persiffler comme siffler ;
- et aussi les participes passés absout et dissout,
- l’infinitif assoir,
- exéma comme examen,
- relai comme balai,
- nénufar et ognon.
G – RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES
Sous  ce titre, les « rectifications » de 1990 s’adressent aux auteurs de  dictionnaires pour leur recommander de privilégier la graphie la plus  simple quand il en existe plusieurs (par exemple d’écrire allo au lieu  d’allô) et de franciser si possible les mots d’origine étrangère (musli  au lieu de müesli). Curieusement, le texte dit : « On acceptera des  graphies comme […] paélia (paella) […] qui évitent une lecture  défectueuse. » Mais c’est justement la graphie « rectifiée » qui  entraîne une lecture défectueuse, puisque paella devrait se lire paeya,  le ll espagnol se prononçant comme celui de billard en français, et non  comme le lli de million.
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De plus en plus simple ! On retrouvera Bernard à l'occasion d'un prochain billet dans lequel il conclura sur cette "belle" réforme.
A bientôt pour de nouvelles aventures
Jacques-Line Vandroux
Sur le même sujet :
- Et si on parlait de "nouvelle orthographe" ? Introduction (1/8)
- Nouvelle orthographe : Les rectifications de 1990 sont-elles prises en compte ? (2/8)
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