samedi 16 février 2013

Syllabaire Editions : Lester L Gore, un auteur à découvrir

A nos débuts chez Syllabaire Editions, nous nous sommes présentés sur le forum du site, et avons ainsi été amenés à « croiser » virtuellement un certain nombre d’auteurs et à découvrir de nombreux ouvrages de qualité que nous n’avons malheureusement pas encore eu le temps de tous lire.

Parmi eux, « Les Douze heures de la Nuit » de Lester L Gore. Un recueil de 12 nouvelles fantastiques que je recommande chaudement aux amateurs, et même aux autres...

Son auteur a accepté d’en parler sur ce blog, je lui laisse donc la parole...


    Merci à vous de m’avoir demandé de me présenter sur votre blog, qui est à la fois instructif et sympathique. Mais je préfère parler de mon recueil plutôt que de ma personne. Car, au risque de briser quelques illusions, les écrivains ne sont pas des gens intéressants, surtout moi. Il faudrait que les lecteurs cessent de croire que nous racontons des histoires qui nous sont arrivées, et que notre vie est une succession de péripéties passionnantes qui alimentent nos écrits. Non, la dame qui écrit des romances érotiques qui se vendent comme des petits pains n’a pas vécu les sulfureuses frasques sensuelles qui lui valent tant de succès. C’est une robuste quadragénaire qui ne connaît le grand frisson avec son contrôleur des Postes de mari qu’entre « Plus belle la vie » et « Koh Lanta », le dernier vendredi du mois. Non, l’auteur des « thrillers » ésotériques qui font causer dans les bistrots n’est ni un espion ni un grand initié, c’est peut-être le type à l’air un peu famélique qui promène son chien tous les soirs au pied de votre immeuble, et qui s’ennuie dans sa vie de clerc de notaire.

    Et non, je n’ai rien rencontré de surnaturel dans ma vie, bien que j’écrive des histoires fantastiques depuis près de trente ans… Enfin, rien de surnaturel… Une fois, j’ai cru voir une lueur de compassion dans le regard d’un inspecteur des impôts… Mais je me suis sans doute trompé.

    Ce long préambule pour expliquer que Lester L Gore est un pseudonyme, un masque que je me suis fabriqué quand j’en ai eu assez qu’on me demande mon opinion sur l’au-delà et les fantômes, ou bien si je croyais en toutes les choses que je raconte dans mes histoires. Et aussi pour protéger ma maman, qui pour cacher ma coupable activité d’auteur de fantastique préférait répondre que j’étais chargé des interrogatoires à Guantanamo.

    Bref, un écrivain est seulement une personne dotée d’imagination, et d’un peu de technique d’écriture pour mettre en forme ses fantasmagories. Car je pense que sans technique, sans amour des mots et de l’art qui consiste à les assembler au mieux, les plus belles idées et l’imagination la plus fertile sont aussi utiles qu’un cerveau à un rappeur.

    J’ai donc publié un recueil de nouvelles intitulé « Les Douze heures de la Nuit » aux éditions Syllabaire. J’ai choisi de passer par un petit éditeur numérique pour plusieurs raisons. D’abord, parce que toutes les manipulations informatiques que nécessite la fabrication d’un livre électronique me sont aussi étrangères que la liturgie orthodoxe. Je suis imperméable à la technique, aux notions de base de l’informatique et à la logique binaire en général. Ensuite, parce que chez Syllabaire j’ai trouvé des partenaires, des gens attentifs qui ont pris la peine de suggérer des corrections, de vrais éditeurs, en somme.

    Il s’agit de douze histoires, aussi variées que possible, qui incitent le lecteur à voyager dans le temps et dans l’espace. Entre la jungle du Congo colonial et l’enfer des camps Nazis, entre la banlieue contemporaine et l’Amérique des conquistadors, le seul point commun entre ces récits est l’intrusion d’un grain de sable dans le mécanisme bien huilé de l’Histoire et de notre histoire. Cet événement qui pousse à remettre en cause la conception du monde des protagonistes peut être un ancien culte ou une créature oubliée, un dieu vindicatif ou l’écho lointain de nos lutins et farfadets ; en tout cas il crée toujours un « scandale », un désordre qui est l’essence même du fantastique.
    J’ai aimé aborder les différents thèmes du surnaturel, prendre le rationalisme à rebrousse‑poil, violenter l’Histoire pour lui faire des enfants monstrueux. J’espère que vous aimerez autant que moi prolonger l’insomnie dans « Les Douze heures de la Nuit ».

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