Encore une belle photo qui n'a rien à voir avec le sujet. |
Après avoir introduit notre affaire, entrons dans le vif du sujet de la nouvelle orthographe avec Bernard Morin, correcteur professionnel qui reprend la parole aujourd'hui.
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LES RECTIFICATIONS DE 1990 OU LA « NOUVELLE ORTHOGRAPHE »
À proprement parler, il n’y a pas eu de « réforme », mais, sous l’appellation « Rectifications de l’orthographe », un ensemble de modifications décidées en 1990 par le Conseil supérieur de la langue française et validées dans la foulée par l’Académie française. (Certains académiciens, dont Mme Carrère d’Encausse – qui tient à être appelée Madame le Secrétaire perpétuel, ce qui me plaît bien –, prétendent même que la main de l’Académie avait été quelque peu forcée dans cette affaire.)
Pendant vingt-cinq ans, ces rectifications ont somnolé paisiblement. Je n’ai jamais vu un livre qui fût écrit selon leurs règles. Le système scolaire lui-même ne semblait pas animé d’un grand zèle « rectificateur ».
En septembre 2015, j’ai feuilleté dans une grande librairie parisienne des dizaines d’ouvrages destinés aux enfants. Aucun n’enseignait le français selon la « nouvelle orthographe ». Des ouvrages imprimés en avril 2015 (Bled CM1 et CM2 ; Tout en un CM1 et CM2 de Magnard) ignoraient la N.O. Le sacro-saint Bescherelle de la conjugaison de 2015 faisait un effort, consentant à écrire dans un coin de page : « La réforme de 1990 autorise à conjuguer tous les verbes en –eler sur modeler, à l’exception d’appeler et rappeler, qui doivent doubler le l. » Et « La réforme de 1990 autorise à conjuguer tous les verbes en –eter sur acheter, à l’exception de jeter et ses dérivés, qui doivent doubler le t. » (On notera le condescendant « autorise ».)
En septembre 2015, j’ai feuilleté dans une grande librairie parisienne des dizaines d’ouvrages destinés aux enfants. Aucun n’enseignait le français selon la « nouvelle orthographe ». Des ouvrages imprimés en avril 2015 (Bled CM1 et CM2 ; Tout en un CM1 et CM2 de Magnard) ignoraient la N.O. Le sacro-saint Bescherelle de la conjugaison de 2015 faisait un effort, consentant à écrire dans un coin de page : « La réforme de 1990 autorise à conjuguer tous les verbes en –eler sur modeler, à l’exception d’appeler et rappeler, qui doivent doubler le l. » Et « La réforme de 1990 autorise à conjuguer tous les verbes en –eter sur acheter, à l’exception de jeter et ses dérivés, qui doivent doubler le t. » (On notera le condescendant « autorise ».)
Les dictionnaires ne faisaient pas mieux. Quand ils n’ignoraient pas superbement la nouvelle orthographe (Larousse Maxipoche 2015, Robert Micro 2015, Robert Junior 2015), ils se bornaient à citer les graphies nouvelles en les marquant d’un signe distinctif. Ainsi du Petit Larousse illustré 2016 et du Grand Larousse illustré 2016. Toutefois, hypocrite en diable, ce dernier ne craignait pas d’appliquer scrupuleusement les règles de l’orthographe traditionnelle dans sa partie grammaticale ! Par exemple pour la conjugaison des verbes en –eler et –eter ou pour l’accord de laissé suivi d’un infinitif.
Dans cette même partie consacrée à la grammaire, ce dictionnaire écrivait avec leur graphie classique les mots fast-food, best-seller, check-up, ouvre-boîte, aéro-club, week-end, tee-shirt, coûte – pour lesquels la NO préconise la suppression du trait d’union et de l’accent circonflexe sur i ou u.
Quant au Petit Robert 2016, dans une préface signée Alain Rey, il disait accepter certains points de la N.O. (ainsi les graphies boursouffler, charriot et imbécilité étaient admises ; on trouvait parebrise ou pare-brise ; un grille pain faisait au pluriel des grille-pains), mais rejeter les modifications qui lui paraissaient « excessives ou perturbantes », parce que « ce n’est pas au dictionnaire […] de jouer les réformateurs par principe, encore moins les révolutionnaires, ni de suivre les modes sans réflexion ». C’est sans doute pourquoi il ne mentionnait pas les graphies amoncèlement, assoir, ile, connaître, gout…
Dans le courant de février 2016, nos médias, à qui il faut toujours du grain à moudre, ont eu comme un creux, qu’ils ont rempli en lançant une nouvelle querelle des Anciens et des Modernes à propos de l’orthographe.
À l’origine, il y avait, nous disait-on, la décision de la plupart des éditeurs de manuels de se mettre à jour et d’appliquer dans leurs ouvrages cette fameuse « réforme de l’orthographe », qui, dans les programmes de l’Éducation nationale, était considérée depuis 2008 comme étant la référence officielle – quoique très peu appliquée.
Bon, ça allait donc changer. Tous les manuels et les ouvrages de référence allaient s’y mettre. Et même les enseignants, ce qui était loin d’être le cas jusqu’ici : on a appris, à travers les discussions suscitées alors, que nombre d’entre eux ignoraient tout des « rectifications » de 1990 !
Las ! il semble bien – Mme Carrère d’Encausse elle-même le dit – que la N.O. soit repartie vers les oubliettes et que les éditeurs soient moins chauds à son égard. En tout cas, une visite à la même grande librairie m’a permis de constater que rien n’avait changé dans les éditions 2017 des dictionnaires : les Robert (Petit, Micro et Junior) ignorent toujours la N.O. et le Petit Robert a toujours la même préface d’Alain Rey ; les Larousse n’ont rien changé par rapport à l’an dernier ; les Bled et les Tout en un de Magnard pareillement. Quant aux médias, ils ont eu ces derniers temps à s’occuper d’une réforme autrement plus importante.
Je me propose maintenant d’examiner ces « Rectifications orthographiques ». Il ne s’agira pas ici de tout expliquer par le menu (les liens fournis ci-dessous le font très bien), mais – et d’un point de vue très personnel – de livrer quelques réflexions sur les apports mais aussi les limites et les incohérences des nouvelles règles (qui, rappelons-le, ne sont absolument pas obligatoires.)
À l’origine, il y avait, nous disait-on, la décision de la plupart des éditeurs de manuels de se mettre à jour et d’appliquer dans leurs ouvrages cette fameuse « réforme de l’orthographe », qui, dans les programmes de l’Éducation nationale, était considérée depuis 2008 comme étant la référence officielle – quoique très peu appliquée.
Bon, ça allait donc changer. Tous les manuels et les ouvrages de référence allaient s’y mettre. Et même les enseignants, ce qui était loin d’être le cas jusqu’ici : on a appris, à travers les discussions suscitées alors, que nombre d’entre eux ignoraient tout des « rectifications » de 1990 !
Las ! il semble bien – Mme Carrère d’Encausse elle-même le dit – que la N.O. soit repartie vers les oubliettes et que les éditeurs soient moins chauds à son égard. En tout cas, une visite à la même grande librairie m’a permis de constater que rien n’avait changé dans les éditions 2017 des dictionnaires : les Robert (Petit, Micro et Junior) ignorent toujours la N.O. et le Petit Robert a toujours la même préface d’Alain Rey ; les Larousse n’ont rien changé par rapport à l’an dernier ; les Bled et les Tout en un de Magnard pareillement. Quant aux médias, ils ont eu ces derniers temps à s’occuper d’une réforme autrement plus importante.
Je me propose maintenant d’examiner ces « Rectifications orthographiques ». Il ne s’agira pas ici de tout expliquer par le menu (les liens fournis ci-dessous le font très bien), mais – et d’un point de vue très personnel – de livrer quelques réflexions sur les apports mais aussi les limites et les incohérences des nouvelles règles (qui, rappelons-le, ne sont absolument pas obligatoires.)
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Il nous parlera d'un sujet passionnant : le trait d'union.
En attendant, pour tout savoir sur la « nouvelle orthographe», voici quelques liens utiles.
– academie-francaise.fr/sites/academie-francaise.fr/files/rectifications_1990.pdf. Le texte officiel des « rectifications ».
– https://fr.wikipedia.org/wiki/Rectifications_orthographiques_du_fran%C3%A7ais_en_1990 Très complet (et parfois critique), avec la liste exhaustive de tous les mots dont l’orthographe est modifiée.
– http://renouvo.org/. Le site du Réseau pour la nouvelle orthographe du français, dans lequel les associations québécoises sont très actives.
–http://gqmnf.org/ . Site québécois très complet, avec des listes de mots correspondant aux différents articles des « rectifications ». Pour moi le plus exhaustif et le plus facile à utiliser.
– http://orthonet.sdv.fr/pages/informations_p2.html Un article – parfois critique – consacré à la NO par un site dédié à l’orthographe française en général.
A bientôt pour de nouvelles aventures
Jacques-Line Vandroux
Sur le même sujet :
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