Embarquons avec Bernard pour tout savoir sur la nouvelle orthographe |
La nouvelle orthographe (NO pour simplifier) : une série de billets de Bernard Morin, correcteur professionnel, qui s'exprime sur notre blog. Aujourd'hui, il nous parle du trait d'union.
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A – TRAIT D’UNION ET SOUDURE
Dans les mots composés, la tendance générale des « rectifications » en ce qui concerne les mots composés est de les transformer en mots simples.
La N.O. veut donc que soient « soudés » :
- les mots composés commençant par contr(e)- et entr(e)-
Pourquoi pas ? Qu’y aurait-il à redire à contrechant, contreculture, contrejour, contrepied, contrepublicité ? À entredeux, (s’)entredéchirer, entrejambe, entretemps ?
En revanche, contrallée, contramiral, contrattaque, contrespionnage, contrexpertise, contrindication, controffensive me gênent un peu.
Mais, après tout, il existe bien, dans l’orthographe traditionnelle, contralto, contrescarpe et contrordre, et ça ne me pose pas de problème. Question d’accoutumance ?
En revanche, contrallée, contramiral, contrattaque, contrespionnage, contrexpertise, contrindication, controffensive me gênent un peu.
Mais, après tout, il existe bien, dans l’orthographe traditionnelle, contralto, contrescarpe et contrordre, et ça ne me pose pas de problème. Question d’accoutumance ?
- les mots composés commençant par extra-, infra-, intra-, ultra-
Cela me paraît une simplification bienvenue. Je remarque toutefois que, pour infra et intra, il n’était pas besoin d’enfoncer la porte déjà bien ouverte : tous leurs composés étaient déjà soudés, sauf ceux qui commencent par une voyell e (intra-artériel, infra-acoustique, etc.). Et c’est là justement que je ne suis plus d’accord avec la NO. Car sont-ils horribles, ces nouveaux intraartériel, intraoculaire ou infraacoustique !
- les mots commençant par anti, archi, auto, hypo et hyper, macro et micro, mini, multi, post, socio, télé et tutti quanti.
- les mots constituant des onomatopées (cahincaha, froufrou) ou d’origine étrangère (lockout, ossobuco).
Notons bien que, en revanche, nota bene (N.B.) ne change pas, inexplicablement.
Et je ne résiste pas au plaisir de signaler cette bourde des éminents rectificateurs du Conseil supérieur de la langue française : handball devra désormais s’écrire en un mot, disent-ils. Mais, bougres d’ânes, handball, mot allemand, n’a jamais pris de trait d’union !
- toute une série de mots auparavant composés
Dans les adjectifs numéraux écrits en toutes lettres
On relie systématiquement tous les éléments par des traits d’union (des traits d’union et non des tirets, ce mot désignant une tout autre chose).
Exemples :
vingt-et-un-mille-six-cent-deux,
un-million-cent,
le quatre-cent-deuxième.
Il paraît que cela évite d’avoir à apprendre la règle selon laquelle il faut placer un trait d’union entre les dizaines et les unités sauf quand il y a le mot et (cf. les graphies vingt-deux, quatre-vingt-douze, mais trente et un). Admettons…
Exemples :
vingt-et-un-mille-six-cent-deux,
un-million-cent,
le quatre-cent-deuxième.
Il paraît que cela évite d’avoir à apprendre la règle selon laquelle il faut placer un trait d’union entre les dizaines et les unités sauf quand il y a le mot et (cf. les graphies vingt-deux, quatre-vingt-douze, mais trente et un). Admettons…
Là où ça devient comique, c’est quand on nous dit que cela permettra de distinguer :
« quarante-et-un tiers (41/3) de quarante et un tiers (40 + 1/3),
et aussi
mille-cent-vingt septièmes (1120/7) de mille-cent vingt-septièmes (1100/27), de mille cent-vingt-septièmes (1000/127), ou encore de mille-cent-vingt-septième (1127e).
Je suis correcteur professionnel depuis plusieurs dizaines d’années, j’ai corrigé plus de huit cents millions de signes, mais jamais, pas une seule fois, je ne me suis trouvé devant un tel cas de figure ! D’où je conclus que nos rectificateurs se sont plu à résoudre un problème que la vraie vie ne pose jamais.
« quarante-et-un tiers (41/3) de quarante et un tiers (40 + 1/3),
et aussi
mille-cent-vingt septièmes (1120/7) de mille-cent vingt-septièmes (1100/27), de mille cent-vingt-septièmes (1000/127), ou encore de mille-cent-vingt-septième (1127e).
Je suis correcteur professionnel depuis plusieurs dizaines d’années, j’ai corrigé plus de huit cents millions de signes, mais jamais, pas une seule fois, je ne me suis trouvé devant un tel cas de figure ! D’où je conclus que nos rectificateurs se sont plu à résoudre un problème que la vraie vie ne pose jamais.
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Vous avez tout suivi ? interro à la fin des articles ! On retrouvera Bernard à l'occasion d'un prochain billet. Il nous parlera du pluriel.
A bientôt pour de nouvelles aventures
Jacques-Line Vandroux
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